Lettre anonyme des gendarmes de la Compagnie de Sécurité de l’Hôtel de Matignon 2e Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine du 29 août 2018

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Lettre anonyme des gendarmes de la Compagnie de Sécurité de l’Hôtel de Matignon

2e Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine du 29 août 2018

Matignon

Chères lectrices et chers lecteurs,

Sur les réseaux sociaux circule une lettre anonyme  datée du 29 août 2018, signée: les gendarmes de la Compagnie de Sécurité de l’Hôtel de Matignon. 

Le contenu de cette lettre, véritable cri d’alarme des gardes républicains affectés  à la sécurité de l’hôtel de MATIGNON  et de ses résidents dépeint un quotidien de terreur, des pratiques managériales tyranniques, des faits de harcèlement moral au travail et des violations manifestes de la loi en toute impunité en ces lieux prestigieux de la République, mettant en danger la vie de ces personnels et l’impact sur la vie de leurs familles parfois à la limite de la rupture, en raison de leurs conditions de travail inacceptables.

Ces personnels passionnés racontent avec émotion et mesure leur souffrance au quotidien incompatible  avec des conditions de travail modernes respectant les droits de l’humain dans une société dite « démocratique », s’agissant dans les faits, d’un retour à l’esclavage.

Les militaires, les gendarmes et les policiers méritent autre chose, le RESPECT et la CONSIDÉRATION de la NATION. On comprend mieux avec cet exemple stupéfiant, l’augmentation cruelle des suicides dans ces corps dans ces conditions.

Les éléments explicités dans ce plaidoyer, particulièrement  argumentés méritent qu’ils soient portés à la connaissance du grand public.

La souffrance qu’ils expriment rejoint en totalité la cause que défend l’AFAR et Armée média. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé de mettre cette lettre anonyme en ligne avec la prudence qui s’impose, n’ayant de ce fait  aucun moyen de vérifier  les faits dénoncés.

Pour autant, comme vous serez à même de le constater, la qualité et la précision du récit  de ces militaires en souffrance  ne peut qu’emporter l’adhésion des lecteurs, tellement c’est criant de vérité.

Les procédés décrits rejoignent ceux que nous avons dénoncés à multiples reprises.

Comme nous l’avons déjà répété  maintes fois lors de nos précédentes publications, ces comportements dictatoriaux ont lieu car ils bénéficient d’une totale impunité du fait de la complicité des hautes autorités militaires, des services et des politiques qui ne peuvent en aucun cas ignorer ces pratiques criminelles d’un autre temps. C’est l’exercice du pouvoir à tout prix quitte à violer la loi! 

A vous de vous faire votre libre opinion.

Ci-dessous, un extrait de cette lettre dont vous aurez accès en totalité en format PDF à partir du lien ci-dessous:

Lettre anonyme Gendarmes de Matignon en date du 29 août 2018

GENDARMERIE NATIONALE
Compagnie de Sécurité de l’Hôtel de Matignon
2e Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine
57 nrc de Varenne
PARIS – 75007

Paris, le mercredi 29 Août 2018

Face à l’événement, c’est à soi-même que recourt I’homme de caractère.
[Le fil de l’Epée]

Nous refusons de périr en joignant au malheur d’être victimes, le ridicule d’être dupes.
[Albert de Broglie]

Mon Général, Médecin en Chef, Camarades,

Un profond malaise règne au sein de la Compagnie de Sécurité de l’Hôtel de Matignon (CSHM) depuis maintenant plusieurs mois. Le quotidien des gardes républicains, notamment leurs rythmes de travail et leur vie de famille, a été fortement affecté par l’accroissement du temps de service consécutifs à une modification en profondeur des différents plannings de garde, à la multiplication des missions liées à la primature, avec comme toile de fond la menace terroriste permanente.

Les dernières mesures prises ces dernières années n’ont pas enrayé la dégradation continue des conditions de travail. Le manque d’effectifs toujours chronique reste problématique. De plus, 1’organisation et les méthodes de management de notre Commandement depuis l’été 2017 ne permettent pas aux gardes républicains d’accomplir sereinement leurs missions en raison d’une trop grande fatigue morale et physique liée à une surcharge de travail sans cesse croissante. En particulier, ce management s’avère être trop éloigné du terrain, trop éloigné de nos considérations personnelles et de nos perspectives de carrière.

Ce malaise persistant n’est pas anodin si l’on en croit le durcissement de la manière de commander. Le lien de confiance entre les officiers et les gardes républicains s’en trouve chaque jour plus distant.

Mon Général, Médecin en Chef, Camarades, vous n’êtes pas sans savoir qu’un rapport du Sénat publié au début du mois de Juillet 2018 dresse un constat déplorable de l’état des forces de sécurité intérieure (police, gendarmerie)2. Outre nos logements parfois insalubres (nous pensons à la caserne de Babylone), outre le manque de matériels, outre le manque de séance d’instruction, outre le manque de séance de sport, il s’agit surtout d’un manque de repos et de considération pour les hommes et les femmes qui arment la CSHM. Nous sommes tous entrés en Gendarmerie avec un but commun, le sentiment d’appartenir à une Institution, à une grande famille. Le sentiment de faire partie de l’Histoire ! Mais tout cela se trouve anéanti face au quotidien que nous subissons. Oui, nous sommes en train de subir la mission qui nous a été confiée car nous ne sommes plus en mesure de l’assurer dans de bonnes conditions physiques et morales. Avec le rythme soutenu des services, le repos manque et notre hiérarchie fait la sourde oreille face à nos sollicitations.

Nous sommes parfaitement conscients que notre démarche n’est pas conventionnelle. Devoir de réserve et obligation de nous taire nous dira-t-on. Mais nous sommes arrivés à un point de non-retour, à tel point que, même notre concertation n’y peut plus rien à part se tourner vers des organismes supérieurs. Nous espérons grandement que ce triste constat de notre quotidien saura alerter des instances et des officiers plus à même de débloquer une situation qui ne fait qu’empirer et accroître le mal être général.

(…)

Cette lettre se termine magnifiquement par un rappel à l’histoire que nous vous invitons à partager.

Des chefs, excités et méchants, le lieutenant de la Gendarmerie royale Pierre-Antoine BORIES 53 disait volontiers :

« Quand ils auront assez fait de misère à leurs braves subordonnés, ils partiront à la retraite avec la désaffection de tous et ils ne seront plus rien. Malheur à ceux dont I’autorité procède seulement du grade. La véritable autorité est celle de l’adhésion des cœurs. Le pire pour un chef est de se fâcher. Il signe son échec à la face de tous. Retenez chez vos gendarmes non pas les résultats, mais les efforts déployés pour les obtenir. Ce qui compte : c’est l’élan, la bonne volonté, le désir de réussir et de bien faire. Et alors bien sûr, une fois ils se tromperont. Gardez-vous de les accabler à cet instant. L’important c’est d’avoir la confiance de ses subordonnés. »
  

3 Réponses pour Lettre anonyme des gendarmes de la Compagnie de Sécurité de l’Hôtel de Matignon 2e Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine du 29 août 2018

  1. Voilà où mène ce  »devoir de réserve »… sans aucun autre commentaire, tout cela va nous mener au chaos!
    J’apporte tout mon soutien à la famille de ce gendarme. Je suis très peiné par cette mort.
    Les responsables devront payer leur lâcheté.

  2. A propos du  »devoir de réserve »:
    Le devoir de réserve n’existe dans aucun texte officiel.
    Valeurs actuelles dans son n°3859 du 17.11.10, titrait :
    Armées. Le grand Malaise. Quand les généraux parlent.
    Le bulletin de l’Association soutien à l’Armée Française du 15 septembre 2010, écrivait à propos du  »devoir de réserve »:
     » En dehors du strict cadre de la conduite des opérations de guerre où le secret demeure la règle absolue, les armées ne doivent plus se soumettre aveuglément à un soi-disant « devoir de réserve » dont l’expression n’existe d’ailleurs dans aucun texte officiel, ce « devoir » brandi par une « autorité » dès lors qu’un militaire ose s’éloigner de l’orthodoxie de rigueur sur un sujet d’intérêt militaire ».
    Les dégâts de ce silence imposé et accepté sont aujourd’hui dévastateurs tant pour les armées que pour la Nation. »

    Donc ceux qui brandissent ce « devoir de réserve » sont des escrocs, car ce « devoir » n’existe pas; il sert à museler les militaires. C’est tout simplement le refus de droit à la parole pour les militaires sur des sujets qui les concernent, ne serait-ce que leur sécurité etc…

    J’engage donc les militaires à consulter l’ouvrage de Ploncard : « L’Armée Française face à la Destruction de la Nation » de la Société de Philosophie Politique dont j’ai tiré ce court extrait.

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